Labelle

Salazie à l'heure indonésienne !

Cet instrument, c'est un gamelan, une percussion indonésienne hors-norme, appartenant au musée des instruments de l'Océan Indien d'Hell Bourg. A l'origine du projet, la volonté de Labelle, de composer une pièce pour Gamelan, en collborant avec Christophe Moure, spécialiste de cet instrument, qui a besoin d'être restauré après un long sommeil.


Labelle : " J’ai découvert le Gamelan de La Réunion en 2018. J’étais dans le projet Démos et il y a eu un atelier avec Gilles Delebarre de La Philharmonie de Paris sur le Gamelan de La Réunion à la Cité des Arts avec les enfants. Gilles m’a alors expliqué qu’il appartenait à Robert Fonlupt, le médecin de Hell Bourg ! J’ai pu ensuite rencontrer Robert Fonlupt qui m’a raconté avoir acquis l’instrument il y a plus de 25 ans en Indonésie et l'avoir ramené ici par bateau. L’instrument a ensuite été exposé au Musée des Musiques et Instruments de l’océan Indien de Hell Bourg." C'est au début des années 2000 que Gilles Delebarre vient à La Réunion avec Christophe Moure pour former et lancer un premier groupe d’interprètes sur l'île. Un groupe qui  a animé des ateliers et des représentations avec le Gamelan, avant de cesser son activité...

" Mon objectif était de faire appel à Christophe Moure, qui est devenu le spécialiste de cet instrument en France, pour venir me donner toutes les clés pour l’écriture de ma pièce, mais aussi transmettre le savoir essentiel à un nouveau groupe d’interprète, sensibiliser les enfants à la pratique du gamelan, et enfin remettre en état l’instrument ! " Le projet s'organise donc autour de cette triple ambition avec la mise en place d'une résidence en territoire scolaire, organisée avec le soutien de la DAC Réunion, et de deux PEAC organisés avec le soutien de la DAAC. Mais les choses s'organisent en 2020, au moment de la crise COVID, et le projet a finalement été repoussé deux ans de suite, avant de finalement voir le jour en 2022.

 

 
Malgré les contraintes et les difficultés, l'artiste ne baisse pas les bras. Première étape, la restauration de l'instrument : " Le gamelan avait été malheureusement oublié pendant de nombreuses années et il s’était grandement détérioré. Christophe a dû commencer par réparer intégralement l’instrument en notamment ré-accordant les gongs, les lames, les bols et refaisant les cordages, bref un travail titanesque pour un instrument gigantesque ! "
Le travail a ensuite pu se mettre en place avec les élèves, au collège Auguste Lacaussade, avec la classe orchestre pilotée par Laurent Chane Kane (directeur de l'école de musique de Salazie) présent dès l'origine du projet, et rejoint par le professeur d'éducation musicale du collège. Labelle : " Le travail avec les enfants a été très émouvant.  Ils ont tout de suite sauté à pieds joints dans la musique indonésienne." Puis deux PEAC sont mis en place dans  les écoles d'Hell Bourg et de Mare à Vieille Place. Pierre Barbier, coordonateur REP : " Les enseignantes de ces deux classes ont tout de suite adhéré au projet de par l'originalité, le contexte et le besoin d'amener aux élèves une ouverture culturelle peu accessible dans le Cirque du fait de son isolement."
 
 

Le bilan est extrêmement positif pour Labelle : " Nous avons pu sensibiliser plusieurs classes à la pratique du Gamelan et pour l’une d’elle (la classe orchestre du Collège Auguste Lacaussade) Christophe Moure a pu transmettre une pièce de musique traditionnelle aux enfants. La venue de Christophe Moure a été vraie chance pour le Gamelan, car grâce à lui l’instrument est de nouveau opérationnel. Enfin nous avons pu organiser une session de formation d’un nouveau groupe d’instrumentistes adultes qui pourra jouer de l’instrument ici à La Réunion. C’est une belle réussite en 15 jours tout juste ! "
 
Le temps passé dans le cirque, en présence des différents protagonistes, a également permis à l'artiste, d'avancer sur l'écriture de sa pièce : " Le travail d’écriture a été très intense notamment pour intégrer toutes les notions de base de la pensée mélodique et rythmique indonésienne. L’échelle de notes est totalement différente (pentatonique), et les notes mêmes de l’instrument n’ont pas d’équivalence dans la musique occidentale ! Il n’y a pas Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si ! C’est extrêmement déstabilisant, mais c’est aussi ce que je voulais intégrer de ma composition. La manière de m’approprier l’instrument a donc été d’intégrer un maximum de notions de Christophe Moure, mais aussi d’écouter des pièces de musiques traditionnelles et étudier des articles d'ethnomusicologie ! "
 



 

 

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